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Le manque d’informations tue !

Son bébé serré contre sa poitrine, Anée pleurait amèrement. Elle éprouvait un mélange de colère, de douleur et de culpabilité. C’était elle qui aurait dû prendre le médicament qui aurait passé dans son lait et soigné cet enfant. Or elle n’avait pas compris ce que le docteur avait dit et ne savait pas lire. Elle l’a donc donné directement à sa petite fille. Celle-ci est morte d’un surdosage tragique qui aurait pu être évité. Le manque d’informations tue.

Anée était la femme de notre gardien de nuit, Beltoise, du temps où nous habitions au Tchad. Je partageais leur colère et leur douleur. Le médecin aurait dû savoir que 80% des femmes sont analphabètes ! Il aurait dû savoir qu’il fallait probablement expliquer à Anée ce que faire ! Anée avait été à l’école primaire, mais comme tout était en français, elle n’avait pas compris grand-chose et quand elle a quitté l’école, elle ne savait toujours pas lire. Les enfants qui apprennent à lire et à écrire dans leur langue avant de passer à la langue officielle, réussissent dans la vie tandis que ceux qui doivent tout apprendre en français, bien souvent, ne rencontrent que l’échec. Cela me dérange toujours de savoir qu’au Royaume-Uni, seuls six enfants sur 1000 n’atteignent pas l’âge de cinq ans alors qu’au Tchad, ils sont 200 dans ce cas. Or, un grand nombre de ces décès sont évitables. En effet, le taux de mortalité infantile est directement lié à l’illettrisme des mères : celles qui savent lire ont des enfants qui vivent plus longtemps.

De l’espoir pour l’avenir

Mais il y a de l’espoir ! Le gouvernement tchadien commence à étudier la possibilité d’enseigner en langue maternelle à l’école primaire. Il encourage également l’usage des langues tchadiennes dans l’alphabétisation pour adulte. Cela ne pourra toutefois pas se faire sans les moyens adéquats. Depuis des décennies, le personnel de Wycliffe analyse les langues et produit des guides pour comprendre la grammaire, des dictionnaires et des ouvrages d’alphabétisation. Cela est indispensable pour faire une bonne traduction de la Bible, mais aussi pour les écoles multilingues.

Notre travail dans de nombreux pays en voie de développement ne consiste pas seulement à permettre aux personnes de trouver une nourriture et une guérison spirituelles, mais aussi physiques. Une des brochures que nos équipes ont traduites en plusieurs langues tchadiennes était un guide tout simple sur la façon de soigner un bébé atteint de diarrhée. C’est si facile : de l’eau stérilisée, du sel et du sucre sauvent la vie d’un enfant malade. Cela fait quinze ans que cette brochure a été traduite et elle a probablement déjà sauvé des centaines de vies. Pour citer le prix Nobel, Sir William Lewis, « le principal remède contre la pauvreté n’est pas l’argent, mais la connaissance. »

Texte: Dave Pearson. Dave Pearson était directeur de la filiale SIL Tchad de 1991 à 1998. Il est actuellement directeur des partenariats et des relations publiques de SIL International.

Photo: Heather Pubols